Les Globe Tutos

Mettre en place une politique d'action culturelle

Pratiquer ou consommer

En préambule, nous n’aimons pas cette expression : « consommer la culture ». Mais enfin, c’est le mot qui permet de qualifier de la façon la plus large possible l’action d’assister à un spectacle, ou de visiter une exposition, … Aussi, tout en l’utilisant, nous ne pouvons que recommander au lecteur de la traduire à chacune de ses occurrence pour se souvenir qu’on ne parle pas ici de consommer la culture comme on consomme des T-shirts ou des carottes. Faut-il faire pratiquer une activité culturelle ou assister à ses manifestations ? Faut-il apprendre à faire ou apprendre à regarder ? La question quoiqu’insoluble vaut le coup d’être posée quand on souhaite mettre en œuvre une politique d’action culturelle ambitieuse et efficace. Dans les projets que nous menons, singulièrement dans le milieu scolaire, nous sommes amenés à animer les deux types d’actions. Mais ce n’est pas du tout le même projet que de monter une pièce de théâtre sur une année complète, par exemple avec des enfants, que d’initier les publics à regarder et comprendre une œuvre. Les deux ne sont pas incompatibles, mais les finances d’une collectivité territoriale n’étant pas extensibles, il faudra probablement faire des choix et arbitrer. Peut-on penser que le fait de pratiquer un art donnera plus d’appétence pour aller assister à une représentation ou visiter un musée ? Oui, on peut le penser, mais rien n’est moins sûr. Et à notre connaissance, la pratique et la consommation ne sont pas liées. Les élèves de conservatoire vont-ils assister à plus de concert que les autres ? Peut-être. Mais là encore, rien n’est parfaitement clair à ce sujet. Une action culturelle bien construite peut parfaitement se contenter « d’éduquer » (encore un mot à prendre avec prudence) le public. En lui proposant des ateliers autour de spectacles programmés dans le théâtre. Ateliers qui n’auront pas pour but de pratiquer l’art présenté sur scène, mais par exemple d’en connaître l’origine, l’histoire. Autour d’expositions, des visites commentées peuvent être organisées, qui n’auront pas vocation à faire des visiteurs des praticiens, mais des spectateurs et observateurs avertis. Cela concourt à une action culturelle riche et peut permettre un épanouissement des publics cibles. D’un autre côté, la proposition d’ateliers de pratique peut constituer à elle seule une politique d’action culturelle cohérente, pour autant qu’elle soit menée avec ampleur. Une bibliothèque doit-elle impérativement proposer des ateliers d’écritures ? Ce n’est pas certain. Après tout, faut-il bien écrire pour goûter la bonne littérature ? Absolument pas ! Et l’on peut parfaitement s’épanouir en étant simplement lecteur. Mais des propositions de lectures publiques peuvent apporter beaucoup à des lecteurs non réguliers en leur faisant entendre combien la langue est belle lorsqu’elle est bien utilisée et les amener à lire ou lire plus. Quoi qu’il en soit, une action culturelle digne de ce nom ne peut pas se contenter d’une programmation régulière dans les lieux dédiés. Car alors, elle resterait cantonnée dans le petit cercle des gens qui se disent éduqués.
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