C’est un peu le nec plus ultra de l’action culturelle. En effet, ces ateliers théâtre récurrents permettent au public concerné de vraiment s’immerger dans la création d’un spectacle de théâtre.

Lorsque l’on dispose de temps, on peut vraiment mener des actions culturelles en profondeur et amener l’auditoire à un résultat très positif. Pouvoir avancer pas à pas sans griller les étapes, construire jour après jour le projet, s’arrêter sur une difficulté et prendre le temps de la résoudre, permettre à chacun de dépasser ses timidités, œuvrer en profondeur pour éveiller le regard bienveillant de chacun sur chacun… Tout cela se construit dans la durée.

Notre expérience nous prouve qu’en la matière, l’action culturelle menée sur le long court a des effets très bénéfiques, en particulier pour les plus jeunes. Les retours que nous avons eu suite à de tels ateliers théâtre inscrits dans la durée sont très parlant à ce sujet. Meilleure maitrise de la lecture, en particulier à voix haute, appropriation et compréhension de textes lus, respect mutuel, confiance en soi… sont autant de progrès que les enseignants nous disent avoir constaté chez leurs élèves.

C’est extrêmement précieux. Bien plus précieux que la simple capacité à interpréter un texte devant un auditoire. Faire naître des vocations, c’est une chose, permettre à un groupe d’enfants ou d’adolescents de progresser dans des apprentissages en est un autre. Dans ce travail de longue haleine, la place de l’artiste dans la société prend tout son sens et il permet de tisser un lien indéfectible entre les participants à l’atelier. Mais cela donne aussi un rapport très singulier desdits participants à la culture. En se prenant au jeu du théâtre, en y prenant confiance en eux, en y découvrant leurs qualités individuelles et collectives, ils ne peuvent que se rapprocher des artistes et mettre de l’art dans leur quotidien.

Alors, qu’il s’agisse de pratique ou de « consommation » culturelle, ces ateliers auront eu une utilité sociale, politique, au sens où ils auront changé les rapports humains et créé une intimité durable entre les apprenants et le monde culturel.

Par ailleurs, ces ateliers au long court ont un intérêt majeur dans le cadre d’une politique territoriale. Ils apportent un lien entre individus. Nul doute que les participants au projet (pour autant qu’il se passe bien) auront un souvenir particulier de cette expérience. Et ce souvenir et cette expérience généreront chez eux un rapport singulier à autrui. Gageons que ce rapport sera plus doux et contribuera à une certaine harmonie entre les personnes. Lorsqu’on expérimente la co-construction dans une ambiance bienveillante et que cette bienveillance conduit à la réussite du projet collectif, il va sans dire que chaque apprenant aura à cœur de recréer en dehors de l’atelier théâtre, d’une façon ou d’une autre, des liens tels que ceux dont il a fait l’expérience dans son parcours pédagogique. Et s’il fait l’expérience que le collectif est plus fort que l’individu, alors il sera à jamais changé dans ses rapports aux autres.

Ces propos sont très orientés autour du milieu scolaire qui est celui que nous fréquentons le plus lors de nos interventions dans le cadre d’actions culturelles, mais ils s’appliquent également pour des ateliers qui seraient menés hors cadre scolaire, par exemple auprès d’un public cible particulier.